Par Mustapha STAMBOULI
Parmi les pistes
qu’il faudrait privilégier pour résoudre d’une manière définitive le chômage en
Tunisie est l’immigration réfléchie et organisée. Structurellement la Tunisie
dispose d’un surplus de main d’œuvre estimée, aujourd’hui, à un million de personnes.
Une diplomatie active et la mise en place d’une agence (ou carrément d’un
ministère) d’immigration pourrait trouver des possibilités de travail et
d’immigration pour plusieurs centaines de milliers de nos jeunes (Afrique,
Australie, Canada, EU etc..). Pour un problème aussi épineux, il y a lieu de
trouver d’innover et prendre des sentiers non battus.
La diplomatie
tunisienne persistera-t-elle à tourner le dos à nos amis africains ?
L’Afrique,
non seulement a besoin de la Tunisie pour son développement, mais elle
constitue l’entité privilégiée pour nous offrir la solution propre à résorber
le chômage de nos diplômés dans tous les domaines et le surplus de la
production de nos industries de transformation et d’équipement. Des accords
bilatéraux signés dans les années 60 avec la plupart des pays africains
francophones prévoyant la libre circulation des biens et des personnes entre la
Tunisie et ces pays sont toujours en vigueur. Le Gouvernement actuel devrait
mener une réflexion approfondie sur les échanges possibles entre notre pays et
ces pays-frères. Compte tenu de mon expérience africaine, la Tunisie pourrait
rapidement installer des dizaines de milliers de cadres et de jeunes promoteurs
dans le Continent.
Pourquoi ne pas mettre en place une Agence Tunisienne
d’Investissements en Afrique ? Celle-ci aurait pour mission d’identifier les
opportunités d’investissements en relation avec les capitaux et les entreprises
de notre pays, de favoriser le placement des jeunes diplômés par le biais de
microcrédits et la recherche des marchés pour écouler nos divers produits de
bonne qualité. Selon le principe de réciprocité, notre marché pourrait s’ouvrir
aux produits africains à valeur ajoutée culturelle en lieu et place de babioles
chinoises fabriquées à faible coût en masse par une main-d’œuvre surexploitée,
autre manière d’inonder et de détruire les économies dites émergeantes.
L’équivalent des fonds de la Caisse de compensation correspondant à une année
pourrait suffire à la mise sur pied de cette agence et à la génération d’une
dynamique de coopération Sud-Sud. Le Monde a changé, l’Europe, pour des raisons
structurelles liées au modèle capitalistique et de rente financière, ne dispose
plus des mêmes possibilités d’emplois à l’intention de nos jeunes. La dette extérieure
européenne s’établit fin 2009 à 180 % du produit intérieur brut, fait
inimaginable avant la création de la monnaie unique (155% en Allemagne, 187% en
Espagne, 191% en Grèce, 205 % en France, 245 % au Portugal). Seules les
économies africaines ont la capacité de résorber nos compétences techniques et
scientifiques. La langue, la proximité, une culture commune représentent des
atouts majeurs pour réussir ce pari/défi.