12 avril 2012

Lettre ouverte à BCE - Le bourguibisme : clairvoyance, transparence et fondamentaux …


Nous apprenons que Béji Caïd Essebsi est sur le point de sortir son appel pour la constitution de son parti.
Nous avons le plaisir de rappeler à Si Béji un extrait de la lettre que nous lui avions adressé le 6 juin 2011 : « En tant que fils spirituel de Bourguiba et eu égard à votre parcours et votre engagement, ne pourriez-vous pas prendre l’initiative de rassembler dans un front uni toutes les sensibilités républicaines et progressistes, contribuant ainsi à l’émergence d’un courant politique puissant, convaincu, capable de résister aux courants politiques cherchant à balayer à jamais de notre mémoire collective Tahar Haddad, Abou Kacem Chebbi, Farhat Hached et tant d’autres figures ayant participé à la construction de la Nation tunisienne ainsi que la route du progrès et l’espérance démocratique amorcées par la Révolution.».
Je suis personnellement  satisfait du courage de notre frère ainé qui a pris cette initiative au sérieux et accepté de concrétiser un vœu d’un militant bourguibiste.
Néanmoins, je me permets de rappeler à Si Béji que le Bourguibisme s’est construit autour d’un triptyque : projet, fondamentaux et méthode.
Ramenons ce triptyque à la situation d’aujourd’hui, plus critique et grave que celle que connut Bourguiba ! Le flottement politique actuel pose problème car le pays est réellement menacé d’un effondrement généralisé : économique et sécuritaire faute d’une vision, d’une feuille de route en phase avec les exigences et attentes populaires et de dirigeants charismatiques, patriotiques et visionnaires.
Le projet d’aujourd’hui doit être clair et doit obligatoirement se projeter au 21ème siècle et non se rétrojeter au 6ème. Il doit être progressiste, avant-gardiste, citoyen, participatif et obligatoirement révolutionnaire.
Les fondamentaux d’hier et d’aujourd’hui sont identiques : la République et ses acquis, l’unité nationale, le CSP, la dignité humaine, en particulier l’abolition de la peine de mort, l’égalité intégrale homme-femme, le droit au travail, l’abolition des inégalités sociales, les libertés  individuelles et collectives, l’indépendance de la justice, la séparation du politique du religieux, la démocratie réelle, la primauté du service public, la non ingérence dans les affaires des pays amis.
La méthode doit être transparente, dynamique qui refuse l’exclusion et la combine partisane. Elle doit avoir pour souci l’implication des militants et militantes. Les intrigues et l’apartheid de salon et d’ambassades doivent être bannis à jamais. La guerre des clans (en fait d’intérêts familiaux, régionaux, de classe, de genre, etc..) devrait être éradiquée d’une pratique malsaine qui perdure malgré la Révolution. N’était-ce pas l’un des buts premier de la Révolution que d’abolir les intrigues, le secret, le complot, en conséquence l’exclusion des vrais militants et du peuple en général de la Chose Politique. Nous refusons le système de caste et sa réactualisation programmée.
Nous conditionnons notre soutien et notre engagement au respect intégral du triptyque qui doit être énoncé sans ambigüité et ambivalence,  à l’abri de toute langue de bois ou de double langage. La composition des membres fondateurs doit obligatoire refléter la diversité de classe et de genre de la société tunisienne. Cependant, aucun courant islamiste, même prétendument light, ne doit figurer dans la nomenclature du parti.
Bourguiba déclara «avoir fait et construit quelque chose de solide». Oui, c’est à nous de confirmer cet énoncé particulièrement à un moment de l’Histoire très critique de la Tunisie et de la région arabe. C’est à nous de faire triompher cette ambition tant attendue par le Monde entier, les yeux rivés sur cette espérance et cette expérience prometteuse d’un avenir meilleur, confirmation que le peuple uni est capable de changer le courant de l’Histoire selon l’exigence d’Abou Kacem Echabbi et sa concrétisation par Bourguiba, Hached et tous leurs compagnons de combat !

BCE doit favoriser, dès la création de ce parti, l’émergence de Taieb Baccouche qui se révèle un stratège politique perspicace, croyant fermement à la tolérance et à l’unité nationale. Ses approches sont pragmatiques et foncièrement objectives. Il refuse la vengeance et le règlement de compte. TB, homme d'Etat authentique, doit conduire la prochaine étape de lutte pour la construction d’un front fort capable de gagner les prochaines élections et entamer ensuite les reformes urgentes.


Vive la République !
Mustapha STAMBOULI, républicain, bourguibiste