Six millions de tunisiennes, deux millions et demi de femmes
en droit de voter et avec des fortes chances, il y aura deux millions de
femmes susceptibles de voter pour l’opposition républicaine et moderniste. Ces
femmes sont inquiètes et déprimées et craignent le pire !
Maintenant, sommes-nous capables de mobiliser et convaincre
ces deux millions de femmes d’aller voter. Sommes-nous prêts à nous mettre au
travail, hors Facebook, pour expliquer à nos sœurs, nos mères et nos amies que
l’avenir de la Tunisie est réellement menacé par le wahhabisme et ses salafistes rétrogrades et obscurantistes qui veulent
soustraire à la femme sa dignité pour en faire une propriété du père, du frère,
du mari voire de l’oncle et du voisin. Ces obscurantistes cherchent à retirer
la femme du travail puisqu’elle n’est que complément de l’homme. Ces fascistes légaliseront
la polygamie et la femme deviendra un numéro : la première, la deuxième,
la troisième, la quatrième. La femme ne sera plus autorisée à utiliser le
transport en commun puisque la mixité
est haram. Dans le même registre, la femme seule sans être accompagnée par un
mâle ne pourra plus utiliser les services d’un taxi, etc.
Savez-vous que les saoudiens semblent avoir trouvé la solution miracle pour donner du travail à
la femme musulmane: construire une ville industrielle réservée aux femmes !
C’est une innovation qui sera généralisée sur tous les territoires musulmans
satellites du wahhabisme. Si on ne fait rien, cette mode nous touchera nous
aussi.
Rappelez-vous des déclarations de Salwa al-Mutairi, une
femme politique koweïtienne qui se dit favorable à l’esclavage sexuel pour
empêcher les musulmans « décents, dévoués et virils » de succomber à
la tentation de l’adultère ! Voilà comment nos frères et sœurs golfiques
envisagent la vie des musulmans et musulmanes !
L’habit halal de la femme sera certainement codifié : il
doit être ample, opaque, non parfumé, ne doit pas être attirant, etc. Tout
autre habit non conforme aux exigences du Halal sera interdit et la
contrevenante sera sanctionnée par la police des bonnes
mœurs.
Dans l’essai de Djamila Bouhabib « Les soldats d’Allah
à l’assaut de l’Occident » sorti en
septembre 2011, l’auteure nous explique comment résister à ces
obscurantistes : « S’il y a quelque chose que je retiens de mon
expérience algérienne, c’est précisément de ne jamais céder à leurs demandes
qui, de toute façon, sont bien plus politiques que religieuses. Les revendications
politico-religieuses, d’où qu’elles viennent et quelles qu’elles soient, visent
principalement à défendre une vision du monde totalement archaïque : raciste,
sexiste, xénophobe et homophobe, en porte-à-faux avec les valeurs modernistes,
et, par conséquent, elles n’ont aucunement leur place dans l’espace public.»
Oui, nous sommes condamnés à dénoncer les abus salafistes et
à résister contre cette machine fasciste qui cherche à nous renvoyer aux
siècles obscurs de l’exploitation de la femme avec son lot de violence physique
et morale.
Sur le moyen et le long terme, la femme doit changer ses
rapports avec ses enfants filles et garçons et instaurer une réelle égalité de
traitement entre eux, c’est la clé du problème car, on ne nait pas macho-salafiste
on le devient. Ce travail de fond doit
commencer dès maintenant et constituer un axe fondamental pour arriver à
défaire le projet rétrograde du wahhabisme international.
Il est certain que ces islamistes ne pourront jamais supprimer
le CSP ni changer les textes pour introduire des pratiques rétrogrades mais ils
sont capables de nous imposer, par petites doses homéopathiques, des règles irréversibles
conformes à leur doctrine obscurantiste qui transformeront notre vie à moyen
et à long terme. L’école, les sujets d’examen seront utilisés à ces fins. Les
médias, à travers les émissions diverses, prendront le relai de l’école pour poursuivre
le matraquage ! Les affichages qui envahiront l’espace public avec des
slogans partisans. Le tourisme halal sera introduit pour fermer la Tunisie aux
tourismes européens par le biais de visa, l’imposition d’une taxe de séjour, harcèlement
des touristes par la police des mœurs et tant d’autres méthodes répressives pour
dissuader ces européens à visiter notre pays. En définitive, ils feront tout
pour nous couper de l’Europe et de la modernité.
La vigilance est de mise ! Le 23 octobre prochain,
date-limite de la légitimité électorale et fin de la seconde transition, le
peuple tunisien doit sortir comme un seul homme ou plutôt comme une seule femme
pour réclamer une nouvelle transition gérée, cette fois-ci, par la société
civile et des personnalités indépendantes pour restaurer l’autorité de l’Etat,
achever et finaliser la Constitution et la soumettre à référendum populaire et
enfin préparer les prochaines élections qui doivent être justes, transparentes
et équitables.
Mustapha STAMBOULI