12 novembre 2012

Nidaa Tounès doit être démocratique, participatif et décentralisé !


Le Mouvement Nidaa Tounès s’est imposé sur la scène politique comme étant un parti de masse pouvant rivaliser avec celui des islamistes. Comment ce mouvement est-t-il arrivé, en l’espace de quelques mois, à conquérir une  large base sachant qu’il a une offre politique diverse et variée ? La présence de BCE à la tête de ce parti explique-elle cet engouement ? L’appartenance de ce dernier à la famille bourguibienne est-il  l’élément fondamental qui a déclenché chez les tunisiens et tunisiennes ce désir d’appartenir à cette formation et voter pour elle le jour J ? Si c’est le cas, il faut rendre à César ce qui appartient à César !


Face à cet engouement populaire, on relève une frilosité des dirigeants de ce mouvement qui cherchent par tous les moyens à mettre la mainmise sur toutes les structures du parti au point qu’on se croirait  chez le défunt Parti Communiste Tunisien (PCT) où tout est décidé par le chef  et la nomenclature du parti. Pourtant, même les partis communistes léninistes croyaient dans le « centralisme démocratique» qui laisse une marge aux structures locales et régionales pour élire démocratiquement leurs délégués nationaux pour le congrès. Rien de cela à Nidaa Tounès, du moins pour le moment : que des parachutages et une improvisation sans équivalent. Ceci est dûment constaté à Monastir, ce qui pousse la base de cette région à remettre en cause les décisions du «Politburo» de Nidaa Tounès.

L’installation des responsables régionaux ce samedi 11 novembre  a déclenché une insubordination, un boycott du meeting et un appel au gel des activités de ce mouvement dans la région. Nous invitons les responsables de ce parti à prendre contact avec les militants et sympathisants pour se rendre compte de l’état de désastre causé par cette réunion  clandestine organisée dans la zone touristique à une dizaine de kilomètres du Centre-ville ! Les Monastiriens vivent cet évènement comme une trahison et un manque de respect  à la population qui a boosté la grande réunion du 24 Mars 2012.

Il est tout à fait normal que les militants exigent une transparence dans la nomination des premiers responsables  locaux, régionaux ainsi que de leurs délégués aux structures centrales afin d’éviter de fausser la représentation à tous les niveaux sachant que ce mouvement est une mosaïque regroupant Bourguibistes, syndicalistes, transfuges du Massar,  etc…

Nidaa Tounès doit réviser sa stratégie organisationnelle et renoncer au diktat de désignation et laisser les militants et militantes  choisir, par des procédures démocratiques, leurs responsables et délégués à tous les niveaux. Les Tunisiens ne veulent plus revivre le cauchemar du culte de la personnalité et la dictature  du «Politburo».

Nidaa Tounès doit comprendre que le citoyen tunisien a changé complètement et qu’il est le maître de la situation. Rien ne se fera sans lui ou contre lui. La démarche de toute action publique doit être obligatoirement participative et intégralement décentralisée. Pourquoi le «Politburo» s’occupe-t-il des affaires locales et régionales du mouvement ? 

Ce n’est pas une autorisation administrative délivrée par une administration sous contrôle islamiste (visa du parti) qui doit  tout agencer. Un comble après le 14 Janvier 2011 ! Le mouvement doit accepter  le principe de subsidiarité pour organiser le parti. Le «Politburo» doit s’occuper des choses essentielles au niveau des stratégies et programmes afin de se préparer pour diriger le pays, une fois remontés les desiderata de la base.

Nidaa Tounès, évènement majeur dans la vie politique tunisienne, mérite une vision claire, une structuration optimale et démocratique, une stratégie intelligente pour redresser le pays sur tous les plans. Pour cela, nous invitons le directoire provisoire à mettre en place une structure de réflexion sous forme d’un Centre d’Études, d’analyse et de prospective afin d’apporter réflexions et solutions pour les problèmes cruciaux de la Tunisie.

Toutes les initiatives pour maquiller la réalité ne peuvent résister aux fondamentaux du terrain. Ni un élargissement du comité provisoire, ni une révision des listes des représentants locaux ne peuvent nous faire oublier un principe fondamental : celui des élections à tous les niveaux (local, régional et central). Les élections nationales (parlementaires et présidentielles) n’auront pas lieu, dans tous les cas de figures, avant 2014. Alors pourquoi vouloir construire à la hâte du provisoire quand on a le temps pour faire du définitif et du solide ?

Pour clarifier les esprits, nous souhaitons avoir :  (1) un règlement intérieur provisoire pour jalonner le fonctionnement du mouvement, (2) une direction compétente du parti pour mieux gérer les affaires au quotidien, (3) des élections justes, transparentes et démocratiques pour élire les représentants locaux et régionaux, (4) une date pour la tenue du congrès du mouvement afin d’arrêter plus particulièrement :  références  politiques du mouvement, choix stratégiques en matière économique et d’organisation territoriale, projet sociétal er alliances stratégiques à nouer ou à renforcer  avec nos partenaires.

Il est temps de corriger la trajectoire pour ne pas faire fausse route, nuisible pour le mouvement mais surtout pour la Tunisie. Pour que l’Appel de Tunisie soit entendu, la structure dirigeante provisoire doit écouter sa base et en tenir compte !

Mustapha STAMBOULI