Nous apprenons que Omar S’Habou, patron du Mouvement
réformiste tunisien se lance dans une nouvelle aventure en créant un nouveau
parti sous l’appellation « Destouriens libres » par la fusion de 6
minuscules partis se réclament de l’héritage du Parti Socialiste Destourien.
Pourquoi S’habou a-t-il choisi ce moment
précis pour lancer ce mouvement ? Les dernières déclarations de Béji Caid
Essebsi concernant sa candidature à la présidence de la République sont-elles
pour quelque chose ? Oui et mille fois oui ! Amor S’habou,
calculateur-né et bête politique a saisi ce moment pour sortir sur la scène
politique après une hibernation de plus de 18 mois suite à l’échec cuisant de
son minuscule parti aux élections de la Constituante et son abandon de
l’Initiative de Béji Caïd Essebsi juste la veille de l’annonce du Mouvement Nidaa Tounès.
Omar S’habou compte-t-il intégrer Nidaa Tounès par le
subterfuge de sa nouvelle création
« Destouriens Libres ?». Une intégration-fusion du DL dans
Nidaa Tounès pourrait-elle relancer le débat sur le leadership à l’intérieur du
parti de Béji Caidi Essebsi ?
Ce n’est un secret pour personne et surtout pas pour Amor
S’Habou que la scène politique tunisienne connaitra dans les prochaines semaines
des changements de taille et probablement au niveau de la plus haute fonction
de l’Etat. La realpolitik tunisienne désignera Béji Caïd Essebsi président provisoire pour une nouvelle
transition.
Une fois Béji Caid Essebsi installé à Carthage, la guerre de
sa succession à Nidaa Tounès se posera sérieusement. Tous les courants
politiques à l’intérieur de ce parti se disputeront la succession
du président du parti et surtout
la candidature aux prochaines élections présidentielles. Nidaa Tounès
osera-il organiser des primaires pour désigner le futur candidat ? Les
partenaires de Nidaa Tounès à l’intérieur de « l’Union pour la
Tunisie » accepteront-ils la probable OPA des « Destouriens libres »
sur Nidaa Tounès ? Forcément non !
BCE, homme des missions impossibles, a-t-il préparé
soigneusement son départ de Nidaa Tounès ? A-t-il opté pour une stratégie
« Ça passe ou ça casse » ? Je crains que oui car BCE dispose d’une sérieuse alternative
d’alliance avec les amis du couple Jbali-Morjane qui sont prêts à collaborer avec Nidaa
Tounès, manière de ne pas exclure les intérêts des islamistes et les anciens
barons de l’ancien régime benaliste.
La realpolitik imposera-t-elle l’Union nationale à travers
un montage peu cohérent mais réaliste pouvant ramener la sérénité au pays ?
L’aile gauche de Nidaa Tounès acceptera-elle ce défi ?
Serait-elle amenée à plier bagage et rejoindre le Front de gauche ? Seul
Béji Caid Essebsi a une réponse à cette interrogation...
Omar a-t-il trouvé la bonne fenêtre du tir ? Pas
certain, car l’exercice à mener est complexe et la stratégie adoptée est peu
cohérente et n’a qu’un seul objectif : mettre sur orbite un homme qui n’a
qu’un seul rêve : devenir président de la République, ambition démesurée
eu égard aux efforts fournis par l’intéressé.
En tout cas, la partie n’est pas facile pour Amor S’Habou.
Il doit mettre de l'eau dans son vin s’il compte influencer la métamorphose
politique du pays.