06 mai 2013

« Destouriens libres » : OPA sur Nidaa Tounès ?!


Nous apprenons que Omar S’Habou, patron du Mouvement réformiste tunisien se lance dans une nouvelle aventure en créant un nouveau parti sous l’appellation « Destouriens libres » par la fusion de 6 minuscules partis se réclament de l’héritage du Parti Socialiste Destourien. Pourquoi S’habou a-t-il  choisi ce moment précis pour lancer ce mouvement ? Les dernières déclarations de Béji Caid Essebsi concernant sa candidature à la présidence de la République sont-elles pour quelque chose ? Oui et mille fois oui ! Amor S’habou, calculateur-né et bête politique a saisi ce moment pour sortir sur la scène politique après une hibernation de plus de 18 mois suite à l’échec cuisant de son minuscule parti aux élections de la Constituante et son abandon de l’Initiative de Béji Caïd Essebsi juste la veille de l’annonce du  Mouvement Nidaa Tounès.


Omar S’habou compte-t-il intégrer Nidaa Tounès par le subterfuge de sa nouvelle création  « Destouriens Libres ?». Une intégration-fusion du DL dans Nidaa Tounès pourrait-elle relancer le débat sur le leadership à l’intérieur du parti de Béji Caidi Essebsi ?  

Ce n’est un secret pour personne et surtout pas pour Amor S’Habou que la scène politique tunisienne connaitra dans les prochaines semaines des changements de taille et probablement au niveau de la plus haute fonction de l’Etat. La   realpolitik tunisienne désignera  Béji Caïd Essebsi  président provisoire pour une nouvelle transition.

Une fois Béji Caid Essebsi installé à Carthage, la guerre de sa succession à Nidaa Tounès se posera sérieusement. Tous les courants politiques à l’intérieur de ce parti se disputeront la succession du président  du parti et surtout   la candidature aux prochaines élections présidentielles. Nidaa Tounès osera-il organiser des primaires pour désigner le futur candidat ? Les partenaires de Nidaa Tounès à l’intérieur de « l’Union pour la Tunisie » accepteront-ils la probable OPA des « Destouriens libres » sur Nidaa Tounès ? Forcément non !

BCE, homme des missions impossibles, a-t-il préparé soigneusement son départ de Nidaa Tounès ? A-t-il opté pour une stratégie « Ça passe ou ça casse » ? Je crains que oui  car BCE  dispose d’une sérieuse alternative d’alliance avec les amis du couple Jbali-Morjane  qui sont prêts à collaborer avec Nidaa Tounès, manière de ne pas exclure les intérêts des islamistes et les anciens barons de l’ancien régime benaliste.
La realpolitik imposera-t-elle l’Union nationale à travers un montage peu cohérent mais réaliste pouvant ramener la sérénité au pays ?

L’aile gauche de Nidaa Tounès acceptera-elle ce défi ? Serait-elle amenée à plier bagage et rejoindre le Front de gauche ? Seul Béji Caid Essebsi a une réponse à cette interrogation...

Omar a-t-il trouvé la bonne fenêtre du tir ? Pas certain, car l’exercice à mener est complexe et la stratégie adoptée est peu cohérente et n’a qu’un seul objectif : mettre sur orbite un homme qui n’a qu’un seul rêve : devenir président de la République, ambition démesurée eu égard aux efforts fournis par l’intéressé.
En tout cas, la partie n’est pas facile pour Amor S’Habou. Il doit mettre de l'eau dans son vin s’il compte influencer la métamorphose politique du pays.

Mustapha STAMBOULII