06 mai 2014

Affaire des voitures de fonction : le locataire de Bercy tunisien est-il compétent ?

Nous apprenons, à travers les médias, que le Conseil des ministres a pris des décisions réformant le système d’octroi des voitures  de fonction des hauts cadres de l’Etat. En effet,  le ministre des Finances et de l’Economie a souligné que les voitures-avantages en nature ne seront plus accordées aux fonctionnaires à partir du mois de juin prochain. Ces voitures seront cessibles à leurs utilisateurs, s’ils le désirent, à hauteur de l’argus -20%, et ils seront prioritaires lors de leurs ventes. Quant aux bons d’essence octroyés aux fonctionnaires, le ministre a affirmé qu’ils seront totalement supprimés et seront remplacés par une prime de 500 dinars par mois, auxquelles s’ajoutent les primes de frais d’entretien des voitures d’un montant de 700 dinars. La Kasbah n’a pas jugé utiles  d’étendre cette «réformette» aux ministres, secrétaires d’Etat, gouverneurs et assimilés.

Le ministre des Finances et de l’économie doit clarifier ses propos concernant la transformation de la voiture de fonction en une indemnité forfaitaire pour un montant de 1200 dinars. Faut-il rappeler que la voiture de fonction est mise à la disposition d’un fonctionnaire pour ses déplacements professionnels et personnels (week-end, congés…). En cédant la voiture au fonctionnaire en question et en lui accordant le lump sum mentionné plus haut, ce dernier est tenu d’utiliser sa voiture personnelle pour ses déplacements professionnels. Dans la pratique, ce fonctionnaire fera tout pour éviter les déplacements à caractère professionnel. Alors, dans ce cas, le grand perdant de cette histoire est l’Administration …

Par cette mesure, l’Etat a procédé à une externalisation non déclarée du transport au profit de ses cadres supérieurs et ces derniers deviennent de facto des  sous-traitants de l’Administration. 

La confusion installée par la suppression de la  voiture de fonction et son remplacement par un lump sum de 1200 dinars par mois cache-elle une stratégie d’augmentation des salaires des hauts fonctionnaires ? En effet, qui peut croire que ces hauts cadres vont utiliser leurs « voitures personnelles» pour leurs déplacements professionnels sans recevoir une compensation ? Nous sommes certains que ces fonctionnaires n’utiliseront jamais leurs voitures pour raisons professionnelles, ils se rabattront forcément sur les voitures de service et priver les cadres d’exécution et des services généraux d’accomplir leurs tâches.

De facto, ce lump sum 1200 dinars devient une indemnité de déplacement pour les hauts cadres alors que celle-ci ne dépasse guère une cinquantaine de dinars au plus pour les autres fonctionnaires. Dans ce cas comment, ces derniers comptent-ils réagir sur cette discrimination flagrante ?

Pout tout dire, c’est une reforme ratée, peu réfléchie. Comment peut-on doubler le traitement d’un fonctionnaire par une décision aussi absurde ?

Les petits aménagements de certains avantages ne peuvent que compliquer la situation de l’Administration. Seule une reforme en bonne et due forme des statuts de la fonction publique afin  de mettre à niveau ces statuts et toiletter toutes les accumulations des décisions prises durant une cinquantaine d’années. Agir sur un seul facteur ne peut qu’embrouiller l’équation.

Le gouvernement aurait dû transformer les voitures de fonction en voitures de service et accorder une indemnité de transport aux hauts cadres de l'Administration ne dépassant pas les 200 dinars en attendant de revoir l’arsenal des textes gérant la fonction publique.

MEJO est son équipe doivent examiner cette question avec beaucoup de sérieux, car la mise en application de cette réformette va créer des problèmes insolubles pouvant ruiner les services de l’Etat. Une étude de faisabilité et d’impacts devra être commandée le plus tôt avant de décréter cette réformette inutile voire  absurde. 

C’est la première action prise par le gouvernement MEJO après cent jours d’hésitation : un bilan maigre qui confirme que ce gouvernement est doublement téléguidé par les amis de la Tunisie et des islamistes du gourou.

Une autre lecture qui considère que MEJO, par cette mesure concernant la transformation de la voiture de fonction en une indemnité de 1200 Dinars, lance  sa campagne électorale ?

Mustapha STAMBOULI