Après plus de cinq ans d’égarement et de bégaiement,
un état des lieux objectif s’impose pour mieux comprendre le complot concocté contre
la Tunisie par les concepteurs du «printemps arabe» et de ses alliés-affidés
indigènes. Cette mise au point pourra servir pour faire l’inventaire des issues possibles afin
de sortir notre pays de son marasme intégral. Seule la mobilisation active et
l’action militante du peuple tunisien et du front républicain pourront
redresser un pays à la dérive. Les « amis-ennemis de la Tunisie» ne
pourront réviser leurs prétentions sur
notre pays que lorsqu’ils entendront d’une seule voie : «Dégagez, dégagez,
dégagez, assez de complots, assez de
martyrs, assez de pillage et de manigances».
Depuis le 14 janvier 2011, date de «transfert » de Ben
Ali à l’Arabie Saoudite et de l’installation d’un pseudo-pouvoir téléguidé par
les islamistes et leurs mentors internationaux, la Tunisie souffre d’un déficit
flagrant d’autorité de l’Etat. La transition du vieux couple «Mbazaa-Essebsi», ayant
duré moins d’un an, a favorisé l’installation des islamistes dans toutes les
articulations de l’Etat à travers des élections basées sur un code électoral
taillé sur mesure pour les islamistes et leurs satellites.
La Constituante a accouché par «césarienne», après trois ans
de gestation, d’une Constitution d’un géniteur inconnu, complètement
anachronique et inadaptée au contexte présent de notre pays. Le bilan de trois
ans de calvaire a enregistré trois assassinats politiques et l’expédition de
plus de 9000 mercenaires-terroristes tunisiens en Syrie, en Irak et en Libye.
Cette seconde transition islamiste a terminé en queue de poisson permettant
ainsi d’installer un gouvernement composé de technocrates, en majorité
d’expatriés imposés par les « Amis de la Tunisie» suite à un processus de
pseudo-dialogue national.
Les secondes élections post 14 janvier 2011 ont enregistré
la défaite des islamistes sans offrir une réelle victoire aux partis
républicains. Ces résultats mitigés, tant souhaités par les «Amis de la
Tunisie», ont imposé une solution boiteuse pour gérer ou plutôt pour bloquer le
pays. Une alliance contre-nature entre Nidaa Tounès et les islamistes a
affaibli le front républicain et a
installé l’immobilisme dans le pays. Une année de terreur et de
division : trois attentats terroristes (Bardo, Sousse, Garde
présidentielle) un jeune berger égorgé, implosion de Nidaa Tounès et tout
récemment une tentative échouée d’installation d’un Emirat islamiste à Beni
Guerdane ayant fait des dizaines de victimes dans le rang des forces armées et
des civils.
Pourquoi en sommes-nous arrivés à ce chaos intégral ? Une
économie en berne, des finances publiques au rouge, un secteur touristique en
métastase, un Etat dégonflé, une
Administration pléthorique incapable de lutter contre les fraudes et les crimes
de tout genre et de réaliser la moindre réforme structurelle (radiation de la contrebande, déclaration de la guerre
à la fraude fiscale, réforme de la
fonction publique et son redimensionnement en fonction de ses besoins actuels,
réforme de la Caisse de compensation afin que l’aide aille exclusivement aux
familles nécessiteuses, redéfinition des fondamentaux des caisses de retraite,
révision du code d’investissement afin de supprimer les avantages fiscaux
octroyés aux IDE exportatrices, décentralisation intégrale des fonctions non
régaliennes au profit des entités territoriales – communes et régions-, créer
le cadre institutionnel pour permettre à l’Armée nationale de s’autofinancer à
travers des interventions dans l’économie tunisienne, réforme du service
militaire pour le rendre obligatoire à tous et à toutes pour une durée minimale
de deux ans, voire plus pour les sans-emploi, mettre fin aux avantages multiples
accordés au personnel politique – président, ministres et députés - et de faire
de l’action politique un acte de volontariat voire de bénévolat).
Le système de gouvernance issu de la Constitution de 2014 demeure
incomplet et participe activement à l’affaiblissement de l’Etat et de ses institutions. Comment
peut-on sortir de cette impasse et redémarrer une Tunisie sur la voie de
la faillite ? :
- poursuivre la politique de l’autruche ne peut que continuer à fragiliser l’autorité de l’Etat et accélérer la banqueroute du pays, porte ouverte à une nouvelle colonisation et à l’accaparement des richesses de notre pays par les « amis de la Tunisie».
- maintenir le système politique actuel et opérer les réformes structurelles exigées par le FMI se traduiront fatalement par une implosion de notre pays et de sa mise sous-tutelle.
- mettre entre parenthèses nos institutions –gel du Parlement en application des dispositions Constitutionnelles et installation d’un gouvernement kamikaze-, solution séduisante mais qui risque de provoquer un affrontement violent avec la Centrale syndicale.
- opérer une décentralisation intégrale, engager les principales réformes et impliquer l’Armée dans le processus du développement du pays.
Les trois premiers scénarii sont
à éviter car le personnel politique actuel n’est pas capable d’entreprendre
de telles actions. Le 4ème
scénario mérite d’être essayé, mais rien n’indique que le passage d’un
centralisme à outrance à une décentralisation consistante peut apporter une
lueur de sauvetage au pays. Un éventuel échec de ce dernier scénario ouvrirait
une voie royale à une gouvernance à l’égyptienne ou pire encore à
l’installation déguisée de l’étranger.
Le pouvoir politique actuel
a-t-il le courage de consulter le peuple tunisien sur la manière dont il
souhaite être gouverné dans un futur proche ? Sans un référendum sur cette
question cruciale, la Tunisie pourrait s’effriter et devenir la proie de tous
les prédateurs locaux et internationaux, lesquels trouvent des agents indigènes
pour terrifier la population et bloquer la marche du pays.
Nul ne doute maintenant que la
Tunisie est devenue un désert politique remplie de mafieux de tous genres, de charlatans-commerçants
de religion, d’assassins politiques, de «samsars» de jeunes et d’opportunistes
à la recherche de gain facile.
Sans le jugement des assassins de
Chokri Belaid et de Mohamed Brahami.
Sans la condamnation de tous ceux
qui ont enrôlé des jeunes tunisiens pour les expédier à l’enfer syrien pour
soi-disant déloger le régime de Bachar.
Sans la punition de celui qui a
facilité la formation de DAECH-Tunisie dans le Mont Chaambi et le désert
tunisien, notre pays demeurera en panne, facilitant la cannibalisation de la
Tunisie par toutes les mafias locales et étrangères.
Une lutte populaire contre tous
ces mafieux s’impose de toute urgence. A
défaut d’une prise de conscience rapide, la Tunisie pourrait devenir la Syrie
ou la Libye ou les deux à la fois, c.à.d. un terrain d’affrontements
sanguinaires et sans issue et sans fin.
Seules l’Action, l’unité nationale et la pérennité de la
Tunisie républicaine comptent, le reste n’est que cosmétique ou poudre aux yeux
létale. Ceux qui prétendent diriger notre pays doivent comprendre que leur
stratégie à la remorque des «Amis de la Tunisie» ne mène qu’à la catastrophe, à
la mort et au déshonneur. Assez de martyrs, assez de comédie morbide.
La solution de la Tunisie ne peut
venir que du peuple tunisien à travers des manifestations pacifiques de masse permettant
de chasser cette horde de mafieux, d’incompétents compradores qui pillent notre
pays pour leur profit et au bénéfice de la mafia internationale.
Les «Amis de la
Tunisie » doivent admettre que notre pays
n’est ni à vendre ni à louer.
Leur intimidation à travers leur stratégie multidimensionnelle (pourrissement
de la situation de la Libye, menaces persistantes déguisées de notre voisin de
l’Ouest, pressions du FMI, assèchement du flux touristiques provoquant perte
d’emplois, difficultés financières de l’Etat, etc…) ne peut pas réussir, car le
peuple tunisien refuse toute mainmise de l’étranger sur la Tunisie. Notre pays
n’est l’ennemi de personne mais, il exige une réelle coopération
gagnant-gagnant où les deux parties
trouvent leurs comptes. Le maintien de la Tunisie dans cette instabilité systémique
qui a fait perdre aux tunisiens la moitié de leur pouvoir d’achat ne peut que
radicaliser les tunisiens et les tunisiennes et ne satisfait l’intérêt de quiconque
ni dans le court ou long terme. L’Allemagne, en particulier, doit revoir à la baisse
ses ambitions paternalistes sur la
Tunisie. Ce pays doit cesser de tirer profit du chaos post 14 janvier 2011 et s’infiltrer à travers un
réseau d’entités dans les rouages de l’Etat. Nous n’avons nul besoin d’une
autre forme de « colonisation » destructrice du potentiel économique
national.
Tunis, 20 Mars 2016
Mustapha STAMBOULI
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