Nous apprenons que Béji Caïd Essebsi est sur le point de
sortir son appel pour la constitution de son parti.
Nous avons le plaisir de rappeler à Si Béji un extrait de la
lettre que nous lui avions adressé le 6 juin 2011 : « En tant que
fils spirituel de Bourguiba et eu égard à votre parcours et votre engagement,
ne pourriez-vous pas prendre l’initiative de rassembler dans un front uni
toutes les sensibilités républicaines et progressistes, contribuant ainsi à
l’émergence d’un courant politique puissant, convaincu, capable de résister aux
courants politiques cherchant à balayer à jamais de notre mémoire collective
Tahar Haddad, Abou Kacem Chebbi, Farhat Hached et tant d’autres figures ayant
participé à la construction de la Nation tunisienne ainsi que la route du
progrès et l’espérance démocratique amorcées par la Révolution.».
Je suis personnellement satisfait du courage de notre frère ainé qui a
pris cette initiative au sérieux et accepté de concrétiser un vœu d’un militant
bourguibiste.
Néanmoins, je me permets de rappeler à Si Béji que le
Bourguibisme s’est construit autour d’un triptyque : projet,
fondamentaux et méthode.
Ramenons ce triptyque à la situation d’aujourd’hui,
plus critique et grave que celle que connut Bourguiba ! Le flottement
politique actuel pose problème car le pays est réellement menacé d’un
effondrement généralisé : économique et sécuritaire faute d’une vision, d’une
feuille de route en phase avec les exigences et attentes populaires et de
dirigeants charismatiques, patriotiques et visionnaires.
Le projet d’aujourd’hui doit être clair et doit
obligatoirement se projeter au 21ème siècle et non se rétrojeter au
6ème. Il doit être progressiste, avant-gardiste, citoyen,
participatif et obligatoirement révolutionnaire.
Les fondamentaux d’hier et d’aujourd’hui sont identiques :
la République et ses acquis, l’unité nationale, le CSP, la dignité humaine, en
particulier l’abolition de la peine de mort, l’égalité intégrale homme-femme, le
droit au travail, l’abolition des inégalités sociales, les libertés individuelles et collectives, l’indépendance
de la justice, la séparation du politique du religieux, la démocratie réelle, la
primauté du service public, la non ingérence dans les affaires des pays amis.
La méthode doit être transparente, dynamique qui refuse l’exclusion
et la combine partisane. Elle doit avoir pour souci l’implication des militants
et militantes. Les intrigues et l’apartheid de salon et d’ambassades doivent être
bannis à jamais. La guerre des clans (en fait d’intérêts familiaux, régionaux,
de classe, de genre, etc..) devrait être éradiquée d’une pratique malsaine qui
perdure malgré la Révolution. N’était-ce pas l’un des buts premier de la
Révolution que d’abolir les intrigues, le secret, le complot, en conséquence l’exclusion
des vrais militants et du peuple en général de la Chose Politique. Nous
refusons le système de caste et sa réactualisation programmée.
Nous conditionnons notre soutien et notre engagement au
respect intégral du triptyque qui doit être énoncé sans ambigüité et ambivalence,
à l’abri de toute langue de bois ou de
double langage. La composition des membres fondateurs doit obligatoire refléter
la diversité de classe et de genre de la société tunisienne. Cependant, aucun
courant islamiste, même prétendument light, ne doit figurer dans la
nomenclature du parti.
Bourguiba déclara «avoir fait et construit quelque chose de
solide». Oui, c’est à nous de confirmer cet énoncé particulièrement à un moment
de l’Histoire très critique de la Tunisie et de la région arabe. C’est à nous
de faire triompher cette ambition tant attendue par le Monde entier, les
yeux rivés sur cette espérance et cette expérience prometteuse d’un avenir
meilleur, confirmation que le peuple uni est capable de changer le courant de l’Histoire
selon l’exigence d’Abou Kacem Echabbi et sa concrétisation par Bourguiba, Hached
et tous leurs compagnons de combat !
BCE doit favoriser, dès la création de ce parti, l’émergence
de Taieb Baccouche qui se révèle un stratège politique perspicace, croyant
fermement à la tolérance et à l’unité nationale. Ses approches sont
pragmatiques et foncièrement objectives. Il refuse la vengeance et le règlement
de compte. TB, homme d'Etat authentique, doit conduire la prochaine étape de
lutte pour la construction d’un front fort capable de gagner les prochaines
élections et entamer ensuite les reformes urgentes.
Vive la République !
Mustapha STAMBOULI, républicain, bourguibiste