Vous seul et Yadh Ben Achour avez
cru dans la bonne foi des islamistes et aux injonctions occidentales. Plusieurs
personnes vous ont averti lors de la première transition de l’incohérence de la
démarche adoptée et de ses dangers pour la République. Le 6 juin 2011, je vous
ai adressé une lettre vous mettant en garde contre le choix de la Constituante
et vous demandant de recourir à un référendum et surtout d’accorder
officiellement à l’institution militaire le droit de regard sur la sécurité
interne et de préserver la République et ses acquis. Je tiens à vous rappeler
une partie du contenu de cette lettre en rapport avec les deux questions
évoquées ci-dessus :
«Le choix d’une constituante pur "débénaliser " le pays et en
préparer un avenir cohérent l’incluant dans la modernité s’avère périlleux
sinon producteur d’effets pervers et plongeant notre pays dans l’inconnu :
le système retenu pour les élections de la Constituante, le refus d’un pacte républicain
par la majorité dans la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la
Révolution, plus grave encore, le rejet d’une limite de temps de cette
constituante anticipent un pouvoir monocolore forcément opposé au pluralisme
(un Président, un gouvernement et un parlement de la même tendance, n’est-ce
pas une nouvelle dictature ?).
Tout annonce que ce pouvoir
monocolore sera anti-républicain et conduira à l’instabilité et au retour à la
case départ – c.à.d avant le régime séculier instauré par Bourguiba.
Face à ces risques, j’en
appelle à la tenue d’un référendum, solution, peut-être moins spectaculaire,
mais plus démocratique, facile, rapide, garde-fou contre l’inconnu. Mon article
paru dans La Presse le 26/05/2011 sous le titre « constitution : un
Référendum pour le peuple tunisien » détaille cette proposition.
Par ailleurs, l’insécurité
prévalant dans le pays, les incivilités permanentes, la transgression des lois
requièrent un pouvoir républicain fort pendant cette période de transition et
d’incertitude.
Pourquoi ne pas mettre en
place un Conseil Supérieur Républicain Militaire qui épaulerait le Président de
la république et pourrait assurer l’intérim de ce dernier en cas de
vacance ? »
L’annonce concernant votre
candidature aux prochaines élections présidentielles avant que la Constitution
ne soit achevée et approuvée par le peuple démontre que vous n’avez pas tiré
les leçons de l’intérim islamiste. Quoique vous affirmiez, vous avez dévié des
fondamentaux du Bourguibisme. Bourguiba n’aurait jamais « flirté »
avec les islamistes, leur projet étant aux antipodes du sien.
Malheureusement vous avez
signé votre échec et par conséquent laissez la place à ceux et celles qui
adhèrent aux fondamentaux bourguibiens républicains et séculiers.
Mustapha STAMBOULI