11 octobre 2011

Elections de la Constituante : l’éparpillement provoque fatalement le boycott

Le multipartisme, s’il témoigne de la bonne santé/volonté démocratique d’un pays, d’une soif  de participation citoyenne à la construction de ce dernier, reflète également le désarroi et le manque de confiance dans l’offre politique existante, ce qui, à notre avis, correspond au cas de la Tunisie. Compte tenu de la dimension de notre pays, du nombre assez modeste d’électeurs et électrices, de l’immaturité relative, du peu de préparation des tunisiens – résultats de l’oppression passée – nous estimons que seuls quatre – cinq courants politiques majeurs mais traversés par des courants intérieurs pourraient suffire et agencer l’éventail de l’échiquier  politique : libéral, socialiste, conservateur, centriste, avant-gardiste et écologiste, à l’instar des pays enracinés dans la démocratie. Rien d’original, à l’évidence, dans cette nomenclature.


L’émiettement, l’éparpillement, la division feront le lit du courant conservateur fondamentaliste, plus organisé, moins divisé, par la même plus mobilisateur, disposant, de plus, d’une logistique et de moyens financiers énormes.
Certains partis ont été créés avec pour seul objectif  la promotion d’une personne, sans réelle vision politico-socio-économique, d’autres, malgré la bonne foi de leurs organisateurs et de leurs militants ne parviendront jamais à s’imposer sur la scène nationale faute de moyens financiers, de créneau idéologique à leur disposition et sans ancrage populaire sur l’ensemble du territoire.
Tout parti politique se construit à partir d’une communauté d’individus partageant une même vision de développement sociétal sur tous les plans, une méthodologie, une démarche de mise en œuvre  et une militance au service du collectif, c'est-à-dire que le moi individuel doit se fondre dans le moi collectif en vue de faire avancer et triompher idéaux et projet proposé au peuple.
Le peuple tunisien attend des réponses nettes dénuées de tout simplisme et toute opacité sur les questions-clés (Séparation du religieux et du politique, Egalité Homme-Femme, Rôle à jouer par l’institution militaire pour l’intégrité et la pérennité de la République, Décentralisation et autonomie locale, Services Publics, Refus de l’ingérence étrangère, etc..) lui permettant, en toute connaissance, de bien choisir ses représentants et futurs responsables politiques. Sans réponse à ces questions-cruciales, les citoyens et citoyennes risquent de bouder ou déserter les partis au profit de personnalités locales, soucieuses de l’intérêt général et des préoccupations des électeurs et électrices.