"Un fou a jeté une pierre dans un puits ; mille sages n'ont pu la retirer."
Le gouvernement Jbali a extradé en
catimini Baghdadi Al-Mahmoudi, dernier premier ministre de Kadhafi, ce dimanche
24 juin 2012. Al Mahmoudi, diplômé en médecine, spécialisé en obstétrique et
en gynécologie, a été emprisonné et torturé dès son arrivée à Tripoli,
ouvrant une crise au sommet de l’exécutif tunisien et un tollé général face à
cette décision. En effet, Jbali a passé outre le refus de Marzouki, président
provisoire, d’extrader Al-Mahmoudi.
Jbali, chef de gouvernement provisoire
est doublement responsable de cette catastrophe humanitaire:
remettre un
présumé innocent à un pouvoir illégal constitue une faute grave au point vue du
droit international. Accomplir un tel acte sans obtenir l’aval du président
provisoire est une insubordination grave mérite correction exemplaire. L’ANC
doit statuer rapidement sur cette double affaire et diligenter une enquête
indépendante pour éclairer l’opinion publique nationale et internationale.
Faute de quoi, cette assemblée devient de facto une chambre d’enregistrement
paralysée et sans pouvoir réel comme le président provisoire lui-même. Dans ce
cas, nous pouvons annoncer sans crainte et sans ambiguïté que la Tunisie vit sous un régime dictatorial et personnel à
la ZABA !
Nous osons croire que l’ANC ne tombera pas dans l’irresponsabilité et
l’arrogance pour cautionner
l’extradition d’Al-Mahmoudi, décision injuste qui demeure une plaie ouverte pour la jeune
démocratie tunisienne.
Dans cette affaire l’ancien premier
ministre de la première transition porte lui aussi une responsabilité morale de
l’extradition d’Al Mahmoudi. Il aurait dû enterrer tous les accords entre Ben
Ali et Kadhafi en matière sécurité et en particulier en matière
d’extradition. Pourquoi ne l’avait-il pas fait ? BCE doit s’expliquer sur
cette affaire très gênante !
Le monde entier a demandé au
gouvernement tunisien de transition de ne pas extrader vers la Libye
l'ex-premier-ministre libyen estimant qu'il risque d'être victime de
« graves violations des droits de l'Homme » dans son pays.
Premier ministre jusqu'aux derniers
jours du régime de Kadhafi, Al-Mahmoudi avait été arrêté en Tunisie, le 21
septembre, près de la frontière algérienne et condamné en comparution immédiate
à six mois de prison pour "entrée illégale" sur le
territoire tunisien avant d'être acquitté. Mais il avait été maintenu en
détention jusqu'à ce que Tripoli émette un mandat d'amener, le 28
septembre 2011.
Al Mahmoudi est exposé à de réels
risques, de graves violations des droits de l'homme, notamment la torture, un
procès injuste ou une exécution sommaire, comme ils l’ont fait pour
Kadhafi.
Me Mabrouk Kourchid, l'avocat de
l'ancien Premier ministre, avait expliqué que son client craignait pour sa vie
car, après l’assassinat sommaire de Kadhafi, "il est le seul ancien haut
dirigeant libyen à détenir les secrets de l'Etat libyen".
Remettre Al-Mahmoudi
au CNT, instance ambigüe et sans crédibilité, est vraiment la
pire chose qui puisse arriver à un technocrate.
Al Mahmoudi a déclaré lui-même
« prêt à coopérer avec les responsables du CNT à condition qu’ils
abandonnent leur demande d’extradition et les campagnes négatives contre sa
personne », précisant n’avoir eu «aucun rôle militaire» sous le
régime de Kadhafi.
Les autorités tunisiennes provisoires
ont cédé aux sirènes des nouvelles autorités libyennes en envoyant un innocent
aux mains des gens qui prônent la Chariaa. Ceci prouve que la Tunisie
est à mille lieues des principes de droit de l'Homme.
Jbali, probablement spécialiste en
histoire ancienne des religions, pourrait évoquer la guerre entre deux tribus
juives (Benjamin et Gabaa) sur un fond d’extradition de réfugiés pour justifier
son forfait contre Al-Mahmoudi. Pour l’intérêt de cette histoire, je cite un
extrait : « … Ainsi dans les livres sacrés nous voyons des tribus
juives se réunissant en tumulte et sommant la tribu Benjamin de livrer les
hommes de Gabaa, qui s’y étaient réfugiés, après avoir commis un crime. Nous
les voyons bientôt, se rassemblant en armes et détruisant la tribu de Benjamin
qui n’a pas voulu livrer les coupables de Gabaa ».
Jbali certainement a tiré les
conclusions de cette dramatique histoire et a évité, à coup sûr, à la Tunisie
le sort de la Tribu Benjamin.
pour terminer, je dirai : " ان لم تستحي فأفعل ما شئت"
Mustapha STAMBOULI