Le conseiller auprès du premier Ministre chargé des relations avec l'Assemblée
Nationale Constituante (ANC) a présenté, jeudi 26 juillet, le projet portant
organisation de l'Instance Supérieur Indépendante pour les Elections (ISIE). Ce
projet, d’après lui, est dans la
continuité de l’ISIE version zéro de kamel Jandoubi, président sortant de cette
institution. C’est une nouvelle non réjouissante pour tous les tunisiens et
tunisiennes.
Une loi électorale cohérente et non partisane, une base de données d’électeurs juste et fiable et une Administration électorale impartiale et compétente disposant des moyens humains et logistiques nécessaires et suffisants sont les conditions nécessaires pour garantir des élections justes, transparentes et équitables.
Il est à rappeler que l’enterrement officiel de l’ISIE (Instance supérieure
indépendante des élections) a eu lieu
vendredi 18 Mai 2012 au cours d’une cérémonie officielle organisée par
le président provisoire dans son palais à Carthage. La seule chose à retenir de
cet évènement-enterrement est la déclaration-aveu de Kamel Jendoubi, ancien président de l’ISIE,
«version zéro», qui a appelé à la mise en place de mécanismes constitutionnels
et juridiques de contrôle des opérations électorales.
Jendoubi, sans se rendre
compte, a avoué du peu de transparence des élections du 23 octobre dernier: effectivement
beaucoup de points noirs sont à clarifier. Comment Jendoubi peut-il justifier
le « vote des morts » estimé à un million ? Comment explique-t-il la présence
massive des nahdhouis à la tête des bureaux de vote ? Pourquoi Jendoubi, a-t-il
fermé les yeux sur le financement occulte d’Ennahdha, donnant ainsi à ce
dernier un avantage considérable sur les autres partis en compétition
électorale ? Comment peut-on accepter un registre d’électeurs préfabriqué
faisant d’Al Aridha la deuxième force politique dans le pays ? C’est de
l’incompétence pour ne pas dire autre chose. Jendoubi doit présenter des
excuses au peuple tunisien pour le mal causé.Une loi électorale cohérente et non partisane, une base de données d’électeurs juste et fiable et une Administration électorale impartiale et compétente disposant des moyens humains et logistiques nécessaires et suffisants sont les conditions nécessaires pour garantir des élections justes, transparentes et équitables.
Ce que propose Ennahdha à propos de l’ISIE est un piège et un stratagème tendus visant à
créer le blocage et par voie de conséquence prolonger la transition de quelques
années, le temps de mettre la main définitivement sur les rouages de l’Etat. Ce
parti islamiste aura suffisamment le temps pour
placer ses pions et introduire des reformes partisanes. Nous doutons du
sérieux de la proposition. Le cirque du comité ad-hoc réunissant l’UGTT, le LTDH et un panel
d’experts pour remodeler une proposition plus que partisane prouve encore une
fois que notre société civile est naïve et politiquement immature.
De notre point de vue, les critères d’appréciation d’une
proposition sur l’ISIE doivent se baser sur trois fondamentaux qui sont :
l’indépendance, l’impartialité, la transparence et le professionnalisme.
De l’indépendance de l’ISIE
L’ISIE doit être une
institution autonome. Dans son fonctionnement,
elle doit être indépendante à travers l’autonomie de recrutement de son
personnel, la planification de ses activités et ses rapports avec les
différents acteurs impliqués dans le processus électoral. L’ISIE doit être dotée d’une autonomie financière afin de
lui permettre de conduire les opérations électorales avec beaucoup d’efficacité
et d’indépendance. Une formule à trouver pour cette indépendance afin de garantir des élections crédibles.
De l’impartialité
La présence de différents courants politiques au sein de la l’ISIE
est seul garant pour assurer une surveillance mutuelle afin d’aboutir à des
décisions impartiales et consensuelles.
L’équation à trouver doit satisfaire un équilibre
entre les composantes de l’ISIE : 1/3 des membres à désigner par
la majorité (Troïka), un second tiers à désigner par les partis de
l’opposition et un dernier tiers sera désigné par la société civile (UGTT,
LTDH, Association des juges, Association des avocats). Les membres
doivent être proposés librement à l’intérieur de chaque composante. Le
président de l’ISIE sera élu par ses pairs au sein de l’ISIE et non imposé afin
de garantir l’indépendance de cette institution.
De la transparence et du professionnalisme
La mise en place des procédures et des mécanismes dans la
conduite des activités de l’ISIE est un gage de
transparence. Ces procédures doivent être établies par des professionnels
indépendants, spécialistes en recherche
opérationnelle.
La proposition du gouvernement concernant l’ISIE version
«Troïka» est biaisée dans son contenu et dans sa démarche. Vouloir, à partir
d’un schéma tordu, construire un texte cohérent, c’est impossible. Il faut
partir d’objectifs clairs et acceptés de tous afin d’aboutir à une solution
équilibrée et juste. Sans un consensus rapide sur cette question, le pays
risque de s’enfoncer davantage dans le désordre total et l’anarchie.
Le moment est grave et nous devons tous dépasser nos
intérêts partisans. Agissons ensemble pour prendre les bonnes et
justes décisions.
Mustapha STAMBOULI