«Nidaa Tounès connait un engouement jamais enregistré dans
l’histoire de création des partis politiques. Cette formation politique répond
à un besoin fort d’adhésion à des valeurs claires ancrées dans une trilogie de
principes : (1) sauvegarde et promotion des valeurs républicaines, (2) démocratie
comme option définitive pour gérer la
vie politique du pays (3) défense et
l’élargissement des libertés individuelles et collectives afin de garantir
l’épanouissement des hommes et des femmes dans leur vie privée et dans leur
action citoyenne, une question de dignité humaine.
La structuration territoriale du mouvement nécessite la mise en place rapide d’un
règlement intérieur du parti, une «mini-constitution» du mouvement afin
d’organiser la vie de ce parti avec un maximum d’efficacité et de transparence
évitant ainsi compétition non loyale et déchirement.
Le succès de notre mouvement prend ses origines à son
adhésion au bourguibisme, à la défense des intérêts légitimes des masses
laborieuses et aux deux piliers d’une vie politique ouverte aux compétences à
savoir la démocratie et les libertés. Trois courants qui fusionnent dans un
même mouvement pour créer un grand rassemblement exceptionnel capable face à
notre unique adversaire, le parti islamiste actuellement au pouvoir.Dans cette phase transitoire, le mouvement doit être vigilent et plus particulièrement en matière de désignation des structures provisoires dont la mission est de préparer les élections internes pour désigner les équipes choisies par les militants et militantes. Les infiltrations des adversaires dans les rangs du parti peuvent être préjudiciables et désastreuses. Le peuple tunisien a constaté par lui-même la grande OPA des islamistes sur les partis progressistes et l’infiltration à grande échelle (CPR, Ettakatol, PDP, etc).
Les structures à mettre en place, même si elles sont provisoires, doivent refléter un état de fait et ne doivent pas être en déphasage avec la réalité : la composition des comités locaux doit être à l’image des sympathisants et des militants. Surestimer la représentativité d'un courant par rapport aux autres, risque de gripper la machine et de créer des tensions pouvant aboutir in fine à un désenchantement généralisé. La ville de Monastir a failli tomber dans ce guet-apens tendu par des personnes mal intentionnées et désireuses de dupliquer un système de parti unique. La vigilence des militants a déjoué cette machination et cette mafia a été vite écartée de la scène politique monastirienne pour toujours.
Nous proposons au directoire provisoire du parti la désignation pour chaque ville-agglomération un comité de sages de trois personnes qui aura principalement pour mission d’installer les structures provisoires locales sur une base claire et transparente adoptant une grille d’évaluation des candidatures et tenant des tous les paramètres locaux. Ce comité des sages établit son choix et le propose au directoire intérimaire du parti qui dispose. Cette approche participative évite au parti les faux pas et la perte de temps préjudiciables au bon fonctionnement des structures.
Depuis toujours, les personnes âgées ont tenu une place prépondérante dans la société : Ils sont la source, le socle de notre vie collective, les garants de notre histoire, de véritables mémoires vivantes. D’où le proverbe «un vieillard qui se meurt est une bibliothèque qui brûle ».
Ce comité des sages a un rôle consultatif pour mieux orienter les structures provisoires du parti et afin de garantir un épanouissement harmonieux du mouvement. L’expérimentation de cette idée localement pourra suggérer une structure légère au niveau national. Idée à creuser !
Prétexter l’urgence pour installer des responsables locaux d’un courant minoritaire mais très actif risque de démobiliser la masse et crée un précédent nocif, capable d’installer une pratique antidémocratique. L’organisation verticale où une seule personne décide de tout est une véritable machine d’exclusion. Une stalinisation du parti ne serait pas acceptable ni souhaitable, même si elle peut être payante sur le plan électoral. Le mouvement doit se soucier de la transparence dans sa pratique quotidienne et éviter l’improvisation démobilisatrice.
Un parti sans règlement intérieur, c’est la porte ouverte à l’improvisation voire à la dictature du sommet et de ses représentants locaux. Le constat est que le directoire a opté pour une stratégie qui préfère installer une «machine» électorale au lieu d’une structure pérenne d’un parti politique. Un débat doit être ouvert sur cette question cruciale pour éviter un dérapage évident et une erreur monumentale difficile à corriger par la suite. La conception d’un règlement intérieur est exigence du moment. Vouloir passer outre, c’est choisir l’arbitraire, ce que nous refusons catégoriquement.
Pour définir une dictature à l'intérieur d'un parti, il existe un critère « objectif » qui n’est contesté par (presque) personne : celui de la pensée unique et de la solution unique et du chef unique. La démocratie étant elle-même définie par le pluralisme des opinions qu’elle est censée garantir, elle permet, par le biais de mécanismes non truquées, de choisir des représentants locaux et régionaux ayant différentes opinions mais qui fonctionnent ensemble à travers un dialogue constructif dans l’intérêt général. Des contre-pouvoirs à l'intérieur du parti sont également nécessaires pour éviter les abus. Nous espérons que nos propos sont clairs !
Mustapha STAMBOULI