Le Conseil
d’Administration (CA) du Fonds Monétaire International (FMI) vient de publier son
rapport sur l’économie tunisienne après examen du rapport préparé par la
mission de ce Fonds.
Les
informations contenues dans cet article proviennent essentiellement de la note
d'information au public (NIP) publiée par le Conseil d’Administration. Le
FMI, lors de réunion du 25 juillet
2012 a clôturé les consultations de 2012 avec la Tunisie. Les constats majeurs du rapport sont les suivants :
(1) le chômage a fortement augmenté pour atteindre 19 % en 2011,
le chômage des jeunes se situant à 42 %.
(2) la position extérieure de la Tunisie s’est affaiblie : le déficit du
compte courant se creusant nettement, à 7,3 % du PIB en 2011, et les
réserves officielles en devises diminuant, de 9,5 milliards de dollars EU fin 2010 à 7,5
milliards de dollars EU à fin 2011.
(3) après une décélération à 3,5 % en 2011, l’inflation a augmenté
pour atteindre 5,7 % en avril 2012 (en glissement annuel).
(4) les risques à court terme sont élevés et plutôt orientés
négativement, dont une récession plus grave que prévu en Europe qui pèserait
lourdement sur les exportations, une augmentation des tensions sociales dans le
pays qui découragent les investissements domestiques et étrangers, des
contraintes de capacités et des retards dans les financements qui risqueraient
de freiner la relance budgétaire envisagée pour soutenir la croissance.
(5) le potentiel de croissance économique de la Tunisie à moyen terme
reste favorable, mais pour libérer ce potentiel, il est nécessaire d’adopter un
programme de réformes structurelles pour promouvoir les investissements privés.
Par ailleurs, l’essentiel de l’évaluation par le Conseil d’Administration se résume comme suit :
(1) la nécessité de jeter les bases de la transformation
de l'économie et de la promotion d'une croissance plus solide et plus
solidaire. Compte tenu des risques auxquels se heurte la reprise économique à
cause de l’instabilité de la situation économique et de la faiblesse de
l'environnement mondial, les administrateurs estiment qu'il convient d'appuyer
l'activité économique, tout en sauvegardant la stabilité macroéconomique.
(2) le rééquilibrage des finances publiques devrait reprendre
à moyen terme afin de préserver la viabilité du budget et de la dette et
mettent en exergue la nécessité d'un plan clair de rééquilibrage. les administrateurs se
déclarent favorables aux réformes fiscales prévues en vue de renforcer les
recettes et de rendre le système fiscal plus équitable et favorable à la
croissance. Ils insistent aussi sur la nécessité de maîtriser les dépenses
publiques à moyen terme, notamment la masse salariale, et de réformer le
système de subventions et des pensions.
(3) le FMI est favorable au resserrement de la politique monétaire pour
contenir l'inflation et se félicitent que la banque centrale soit prête à
relever le taux directeur si les pressions inflationnistes subsistent. Les administrateurs soulignent l'importance du renforcement du cadre institutionnel pour la
politique monétaire, de même que de la coordination des politiques monétaire et
de change.
(4) une souplesse accrue du taux de change pourrait
contribuer à préserver les réserves de change. IlsLes administrateurs soulignent la nécessité
d'assurer l'indépendance de la banque centrale dans la conduite des politiques
monétaire et de change, de même que pour la supervision bancaire.
(5) le FMI encourage les autorités à remédier aux vulnérabilités du
secteur bancaire identifiées dans l’ESSF. Les administrateurs rappellent qu'il est nécessaire
de s'attaquer aux questions des prêts non productifs et de la recapitalisation
bancaire, et d'améliorer la gouvernance des banques publiques. Ils rappellent
aussi l'importance d'aligner la supervision bancaire sur les normes
internationales. Les administrateurs encouragent la banque centrale à élaborer une
stratégie de sortie pour retirer progressivement son important soutien à la
liquidité des banques, tout en continuant à satisfaire leurs besoins de
liquidités.
(6) le FMI considère que des réformes structurelles exhaustives sont
requises pour réorienter l'économie tunisienne et exploiter son potentiel pour
réaliser une croissance plus élevée et plus inclusive. Eu égard à la nécessité
de réduire le chômage, la réforme du marché du travail et du système
d'éducation sera cruciale. Il sera aussi important d'améliorer le climat des
affaires et la gouvernance pour accroître les investissements dans le secteur
privé. Le développement des secteurs à haute valeur ajoutée contribuera à
absorber la main-d’œuvre qualifiée. Les administrateurs mettent en exergue la
nécessité de hiérarchiser les réformes, tout en améliorant la capacité de mise
en œuvre.
Le
rapport du FMI est très prudent voire complaisant , appelle les autorités pour mettre en place un programme de réformes structurelles (PRS équivalent du PAS des années 80). Le FMI envisage tous les scénarios pour l’économie
tunisienne compte de l’environnement interne et externe : (1) les tensions
politiques et sociales risquent de dégrader
les grands équilibres macro-économiques et financieres, (2) la situation
économique dégradée en Europe influencera négativement l’exportation tunisienne vers cette zone, d’où
la dégradation de la balance commerciale et aggravation de la balance des
paiements, (3) seule lueur d’espoir pourrait venir de la Libye si ce pays se
stabilise politiquement et économiquement. Le
CA du FMI insiste sur la nécessité de l’indépendance de la BCT et propose plus
de transparence en matière de politique monétaire et de change. Il exige un
assainissement du système bancaire plombé par les dettes douteuses et l’optimisation
de l’intervention l’administration. Le système de pension a été pointé par le
FMI car sa situation est critique, elle nécessite une intervention rapide afin
d’améliorer le rendement de ce système. L’intervention de la caisse générale de
compensation doit être revue afin de mieux cibler les vrais bénéficiaires, les plus nécessiteux et soulager le budget de l'Etat.
Toutes ces reformes exigent un pouvoir politique stable et une entente entre les centrales syndicales, l’Administration et le patronat. Ce qui n’est pas le cas, du moins, pour le moment.
Toutes ces reformes exigent un pouvoir politique stable et une entente entre les centrales syndicales, l’Administration et le patronat. Ce qui n’est pas le cas, du moins, pour le moment.
Mustapha
STAMBOULI