Le succès populaire de Nidaa Tounès inquiète beaucoup les
familles politiques de gauche comme de droite. La raison est simple : ce
mouvement est construit autour d’un projet de société confirmé et évolutif et
non sur une idéologie archaïque. La rencontre entre le peuple tunisien et cette
idée de Nidaa Tounès reste du domaine du mystique et du fusionnel ! Sinon
comment peut-on expliquer la présence dans ce mouvement de toutes les couches
sociales, tous les niveaux intellectuels et de tous les courants
politiques ?
Nidaa Tounès est loin d’être du recyclage comme aime le dire
l’énigmatique Sihem Ben Sidrine, patronne de radio Kelma, mais un concept
nouveau capable d’intégrer tous les tunisiens qui croient toujours à la «tunisianité» de notre pays et à son élan
moderniste. D’ailleurs, pourquoi l’extrême gauche a-t-elle choisi Nidaa Tounès
pour se refugier ? Sont-ils déçus du Massar ou du Front populaire ?
Qu’espèrent-ils en s’imposant dans un mouvement fondamentalement bourguibiste
et social démocrate ? Se sont-ils convertis au bourguibisme et aux thèses
de la sociale démocratie ? Taieb Baccouche est-il pour quelque chose dans
cet engouement de l’extrême gauche pour le mouvement du charismatique Béji Caïd
Essebsi ?
Nidaa Tounès est une initiative citoyenne dictée par l’échec
de tous les partis politiques qui se trouvent aujourd’hui dans l’opposition.
Ces partis centristes et de gauche n’étaient pas en mesure de saisir les enjeux
crées par la situation post 14 janvier et n’avaient pas un projet de société
clair ! L’absence du charisme chez les premiers responsables de ces partis
est pour beaucoup dans l'échec cuisant de cette opposition.
Nidaa Tounès, bien que son programme n’est pas encore définit,
il arrive à attirer vieux, jeunes,
cadres, ouvriers, hommes et femmes parce que rien que son nom dessine un projet
de société : «Tounès», donc la tunisianité qui nous guide directement vers
le bourguibisme et l’ouverture, l’égalité homme-femme et la République.
« Nidaa », un appel au secours pour dire que « Tounès » est
en danger et menacée par une horde de rétrogrades qui cherchent à nous renvoyer
à un mode de vie anachronique et obscurantiste. Aux deux mots qui composent le
nom du mouvement, il y a BCE, l’homme qui a concrétisé un vœu des militants
bourguibistes, cet homme est connu par
son ouverture démocratique incontestable avec toute la charge que comporte ce
mot de démocratie. Pour simplifier, nous pouvons dire que le peuple est en
train d’adhérer à Nidaa Tounès parce qu’il a bien compris qu’il s’agit du
«Bourguibisme démocratique» ni plus ni moins.
Tous ceux et celles qui ne croient pas au Bourguibisme
démocratique doivent se convertir rapidement ou aller s’héberger ailleurs, car
vouloir transformer ce mouvement en une réserve de voix pour réaliser des
objectifs électoraux est un faux calcul qui pourra nuire à la démocratie et à
cause nationale ! L’enveloppe doit traduire fidèlement et fatalement le contenu.
Il n’est pas question de tromper la masse du Nidaa Tounès.
Certains responsables de Nidaa Tounès tentent d’atténuer
cette présence massive de la gauche radicale dans le mouvement par un apport
des militants des petits partis islamistes modérés. Cette stratégie est
dangereuse et sème la division et de confusion auprès des militants,
sympathisants et des tunisiens et des tunisiennes en général. Cette
stratégie nous rappelle étrangement les pratiques du PSD des années 70 qui ont
favorisé la montée des islamistes à l’université pour chasser la gauche et
l’extrême gauche. Les résultats de ces basses manipulations sont là aujourd’hui.
Nidha Tounès ne doit pas être un "Nahdha light" pour draguer les
islamistes modérés. Il n’y a pas d’islamistes modérés, il n’y
a que des islamistes tout court. Le mouvement Nidaa Tounès doit mettre fin à
ces contacts car ce parti risquerait de perdre les bourguibistes et les
ugttistes qui pourront s’organiser autrement pour combattre leur adversaire
commun.
Les militants de Nidaa Tounès ont pris l’engagement de
s’opposer à toute initiative voulant passer outre les voies démocratiques pour
désigner les structures locales et régionales et surtout les futurs candidats
au Parlement et conseillers locaux et régionaux.
BCE doit savoir que la meilleure façon de construire, c’est
de bien asseoir les fondations, même si les conditions sont difficiles et
délicates. Une OPA sur le mouvement par l’extrême gauche ou l’extrême droite
est inacceptable et condamnable et
surtout non réalisable.
Toutes les initiatives pour maquiller la réalité ne peuvent
résister aux fondamentaux du terrain. Ni un élargissement du comité provisoire,
ni une révision des listes de représentants locaux ne peuvent nous faire
oublier un principe fondamental celui des élections à tous les niveaux (local,
régional et central). Les élections nationales (parlementaires et
présidentielles) n’auront pas lieu, dans tous les cas de figures, avant 2014.
Alors pourquoi vouloir construire du provisoire quand on a le temps pour faire
du définitif et du solide.
Pour clarifier les esprits, nous souhaitons avoir (1) un
règlement intérieur provisoire pour jalonner le fonctionnement du mouvement,
(2) une direction professionnelle du parti pour mieux gérer les affaires au
quotidien, (3) des élections justes, transparentes et démocratiques pour élire
les représentants locaux et régionaux, (4) une date pour la tenue du congrès du
mouvement afin d’arrêter plus particulièrement : références politiques du mouvement,
choix stratégiques en matière économique et d’organisation territoriale, projet
sociétal er alliances stratégiques à nouer ou à renforcer avec nos partenaires.
Nidaa Tounès est ouvert à tous les tunisiens qui adhèrent
aux fondamentaux du mouvement et qui acceptent l’option démocratique pour
édifier du durable !
Mustapha STAMBOULI