Sans avertir quiconque MBJ s'est arrogé le droit de s’adresser
à la Nation par une allocution télévisée diffusée sur la
chaîne Al Wataniya, vendredi 12 octobre 2012. MBJ a tenté d’endormir les
tunisiens et tunisiennes à travers un discours ennuyeux, ambigu qui reconnait la faillite de
l’action gouvernementale et par extension de l’exécutif.
Cette intervention
est en partie une réponse, en bonne et due forme, aux déclarations récentes
de Jbali, premier ministre. Ce dernier n’a
cessé d’annoncer explicitement que l’ANC est bloquée-embourbée dans la
rédaction de la Constitution et qu’il est impossible d’achever l’élaboration de
celle-ci sans le recours au référendum pour arrêter le régime politique à
instaurer. Jbali avait fourni, lors de sa dernière interview, un témoignage
clair sur l’échec de la Constituante à propos de sa mission principale !
La dernière interview de Jabali et l’énigmatique allocution
de MBJ donnent la certitude aux tunisiens et tunisiennes que la transition post
23 octobre 2012 a échoué dans ses deux missions, à savoir la rédaction de la
constitution et l’action gouvernementale. La guerre a-t-elle commencé entre les clans de la Troïka ? Probable, chacun veut rendre responsable l’autre
de l’état de délabrement de cette transition et par déduction du pays.
Par ailleurs, MBJ ne doit pas oublier qu’il n’est qu’un
constituant désigné pour présider les séances de l’ANC. Il n’a pas d’autres
prérogatives institutionnelles. Alors, de quel droit s’adresse-t-il à la Nation
à travers un media public ? A ma connaissance, seul le président peut s’adresser
de cette manière et directement au peuple tunisien. Même le chef de gouvernement n’a
pas ce privilège, lui peut communiquer avec les tunisiens à travers l’ANC ou à travers des interviews arrangées. A
notre connaissance, la petite Constitution n’autorise pas le président de l’ANC
à s’adresser solennellement au peuple tunisien ! Seule la vacance de la fonction du président
de la République permet à ce dernier de parler de cette manière à la Nation.
Dommage, les fonctions au sommet de l’Etat se télescopent ! La disgrâce du gourou par
l’oncle SAM en est-elle pour quelque chose ? Vivons-nous déjà une campagne
présidentielle prématurée et non déclarée ?
Pourquoi MBJ rajoute-t-il une couche dans la confusion ?
Sa déclaration ne dit rien si ce n'est d'annoncer
que l’ANC est amovible, qu’elle restera le dernier arbitre dans le
processus du dialogue National prôné par l’UGTT. MBJ a averti que la Constituante est une ligne
rouge, le reste est discutable !
Pourquoi MBJ n’a-t-il pas commenté l’actualité brulante particulièrement
concernant les déclarations du patron de
Mon-plaisir ? Estime-t-il que cette question relève beaucoup plus de la
justice que de l’ANC ? Il aurait dû préciser son opinion. Le peuple aurait
apprécié une telle prise de position, car ce dernier est inquiet et furieux
contre sa classe politique qui pratique l’hypocrisie et l’insouciance !
Encore une fois, un haut dignitaire de la transition parle
pour ne rien dire de concret et d’utile pour le peuple. Que des promesses vides et
belles déclarations électorales ! Comme le dit bien un proverbe anglais « A attendre l'herbe
qui pousse, le bœuf meurt de faim. »
Mustapha STAMBOULI