23 mars 2014

Ukraine : une crise à quitte ou double pour l’Europe …

Un complot géostratégique déjoué ! 

Depuis plusieurs décennies l’Europe ne prenait que des mauvaises décisions : le passage d’une Europe à 5 à une Europe à 26 a détruit le rêve européen de la création d’une puissance  d’équilibre entre les Etats Unies et la Russie. L’Europe politique se construit sur le plus petit dénominateur commun sachant ce PPCM se résume aux diktats des Etats Unies qui ne ratent pas une seule occasion pour  déconstruire ce rêve européen.  L’introduction de l’Euro comme monnaie unique est une autre erreur stratégique paralysant les pays du Sud de l’Europe. Cette dernière et  sa Commission ne font que  rafistoler,   bricoler et légiférer sur des questions de détails comme sur la quantité d’eau idéale à utiliser lorsqu’on tire la chasse d’eau. Même sur cette question, les experts de la Commission  ne sont pas arrivés à se mettre d’accord. A défaut de s’occuper de l’essentiel, les technocrates de Bruxelles se mêlent de tout sauf de l’essentiel. Pourquoi  l’Europe refuse-elle l’intégration de la Russie dans l’édifice européen ? Le Général n’a-t-il pas déclaré à maintes reprises : « L'Europe c'est nous qui la formons,  nous autres qui vivons entre l'Atlantique et l'Oural ».  Pourquoi ce changement stratégique a-t-il été opéré par les héritiers du Général ?


La toute dernière décision catastrophique de l'Europe est son complot contre l'Ukraine en favorisant un coup d’Etat en Ukraine afin de paralyser militairement la Russie en lui retirant son seul point d’accès à la méditerranée à travers la Crimée. Cette stratégie aurait permis de : i- changer la donne en Syrie, ii- simplifier la fabrication d’un printemps arabe en Algérie, iii-  comploter contre Sissi en Egypte, iv- et surtout modifier les rapports de force dans la bataille du gaz.

La Russie, en ramenant dans son giron la Crimée,  a fait de la Russie une puissance de première ordre et a mis fin au complot contre la Nation arabe et a posé  un sérieux problème à l’Union Européenne en lâchant une Ukraine en faillite et a mis fin au fantasme au projet du gazoduc  Nabucco. Un changement géostratégique se construit en direct en faveur de la Russie et de la Syrie. Cette dernière gère avec intelligence trois guerres sur son territoire : une guerre civile, une guerre arabo-persique via le conflit éternel entre le sunnisme et chiisme et une guerre du gaz. La Syrie est une articulation que toutes puissances mondiales cherchent à mettre la main dessus. Le double-échec de l’Occident en Syrie et en Ukraine laisse entrevoir un avenir sombre pour l’Europe en matière énergétique. L’Europe n’a plus le choix que de trouver une sortie honorable avec la Russie car son projet de gazoduc Nabucco dont l’objectif est d’alléger la dépendance de l’Europe au gaz russe a échoué définitivement car la Russie va accélérer la victoire de la Syrie sur ses protagonistes.  Finalement l’Europe retrouve sa petite dimension d’une puissance de second ordre à la merci de la puissante Russie. Ni les américains ni les israéliens ou les turcs  ne sont capables de changer la donne concernant les enjeux syriens. Techniquement le régime syrien a remporté la guerre contre les terroristes jihadites. La prise d’Yabroud signe la fin de la dernière bataille. Il reste à faire un nettoyage fin pour maitriser défensivement la frontière syro-libanaise, d’où l’affolement d’Israël et la Turquie : le dernier bombardement israélien des positions de l’armée syrienne et l’agression de la Turquie en abattant un avion syrien prouvent que deux pays-alliés au minuscule Qatar paniquent à l’idée d’une victoire éclatante de Bachar.

Une autre bonne nouvelle : Le projet de création par la Syrie d’une agence spatiale avec un coût de 34 Milliards de dollars annonce : i- d’abord la victoire définitive du régime sur ses ennemis de l’intérieur et de l’extérieur, ii- le régime syrien a pris une option fondamentale consistant à faire de la Syrie une puissance régionale alliée de l’Iran et de la Russie, deux partenaires qui vont l’aider à réaliser ce projet ambitieux, iii- la construction d’une Syrie moderne, ouverte, pacifique laisse entrevoir un accord de paix avec tous ses voisins y compris Israël. Rien d’étonnant de l’Equipe de Bachar, elle s’adapte merveilleusement bien à toutes les situations sans rien céder sur l’essentiel et sur l’indépendance de la Syrie.

Poutine : un homme exceptionnel !

Poutine, en signant en temps record l’accord d’intégration de la Crimée à la Fédération russe, a donné un exemple de courage et d’honneur. Poutine est un Leader incontestable de la Gabarit de Bourguiba qui avait surpris la France en lui déclarant la guerre à deux reprises pour libérer Bizerte et le Sud tunisien ainsi que les terres agricoles tunisiennes. Poutine a bien choisi le moment pour attaquer un Occident malade au bord de la faillite. Poutine sait parfaitement que l’OTAN et les pays formant cette organisation peu honorable ne sont plus en mesure d’agir devant la puissante Fédération russe. Eu égard à cette situation chaotique, l’Occident ne sait plus quoi faire. Le « démontage/désintégration » de l’Union européenne est à l’ordre du jour. L’Allemagne profitant du désordre pourrait quitter l’UE afin d’éviter de s’enliser davantage dans une crise désastreuse pour son économie et sa sécurité. 


Poutine : Sun Tzu des temps modernes !

Poutine, en tant que militaire maitrisant parfaitement l’art  de la stratégie, a très bien préparé son coup depuis longtemps et avait établi tous les scénarios possibles et imaginables pour le jour « J ». Il avait une réponse adéquate à chaque scénario. Il a imposé à l’Occident le scénario le moins coûteux et le plus pacifique pour récupérer la Crimée  sans tirer un seul bal. Il a certainement appliqué la théorie de  Sun Tzu, stratège militaire chinois qui a laissé pour l’humanité un traité concernant « l’art de la guerre ». Jean-Paul Pougala directeur de l'Institut d'Etudes Géostratégiques de Douala au Cameroun résume mieux quiconque la théorie de Sun Tzu :  « L’idée centrale du modèle de stratégie militaire de Sun Tzu est d’utiliser la ruse pour amener l’ennemi à déposer les armes et se rendre avant même d’avoir commencé à combattre. En d’autres termes, pour Sun Tzu, le meilleur stratège militaire est celui qui gagne une guerre sans avoir besoin de la combattre, tout simplement en jouant sur la ruse, les bluffs, les fausses informations distillées au bon moment pour désorienter l’ennemi, en donnant de faux espoirs à l’ennemi au début des hostilités avant de le désillusionner complètement à la fin. » 

L'Administration américaine a  réussi à réinventer un monde bipolaire pour obliger les pays européens à s'armer et d'investir dans l'armement sachant que les américains sont les leaders dans l'industrie militaire. Finalement le lobby de l'armement a bel et bien gagné.

Mustapha STAMBOULI