27 janvier 2016

Le pouvoir local, solution à la quadrature du cercle …

"Dans le gouvernement comme dans le corps humain, les maladies les plus graves viennent de la tête".
Nous avons maintenant la certitude que la mafia de la contrebande est l’auteur du scénario, le metteur en scène et surtout le producteur de la Jacquerie de la semaine dernière. Cette nébuleuse est devenue plus puissante que le pouvoir public. Elle est redoutable : i) par ses infiltrations dans tous les rouages politiques partis et associations voire dans le cercle de prise de décisions et ii) par un argent illimité et sa volonté destructrice de l’Etat et de la Nation.


La démocratie boiteuse mise en place par les deux vieux ne peut qu’encourager cette mafia à agir pour semer le chaos dans notre pays. La Tunisie est comme un avion sans équipage, sans plan de vol qui plane jusqu’à la panne sèche, à moins que les « amis de la Tunisie» en décident autrement.

La crise à l'intérieur de Nidaa Tounès a facilité grandement le complot contre la Nation. Alors, les responsables de cette crise doivent tirer toutes les conclusions. BCE assume une lourde responsabilité dans le chaos du Nidaa Tounès en voulant imposer son fiston comme patron de ce parti. En homme d'Etat, il doit faire son mea-culpa et demander pardon au peuple tunisien.

Par ailleurs, Essid, chef de l’actuel gouvernement, a échoué; il doit partir. Garder cet homme à la primature signifie que le président de la République et le Parlement n'ont pas tiré les toutes les leçons des évènements de la semaine dernière. BCE doit agir vite avant que la rue ne demande son départ ... Il lui reste deux interventions télévisées …

Devant la faillite du quartet au pouvoir, le Front Populaire se dit prêt à gouverner le pays et à mettre en place un ensemble de réformes pour sortir la Tunisie de sa crise avec l’introduction en particulier d’un impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Hamma et ses camarades doivent présenter au peuple tunisien une étude de faisabilité et d’impact d’un tel impôt, car le diable est dans les détails. Il ne faudrait pas qu’une telle mesure provoque un disfonctionnement grave de l’économie tunisienne par une fuite massive des nantis. Personne ne peut être contre l’introduction de l’ISF si tout le monde paye son impôt sur le revenu sachant que plus de 60% de la population active ne paye rien à l’Etat. Tout préalable à l’ISF, exige d’ éradiquer l’économie informelle ce qui pourrait apporter à l’Etat plus de 20 voire 30 Milliards de dinars, alors que l’ISF ne peut contribuer aux revenus de l’Etat qu’à hauteur de 0,5 à 1 Milliard de dinars au plus.

De plus, la Tunisie doit agir vite pour supprimer l'argent liquide afin de faire barrage à la contrebande, à la mafia et à tous les commerçants informels qui ne payent rien à l'Etat. La Révolution est dans la monnaie numérique. Avec un tel système, les revenus de l’Etat pourraient tripler voire quadrupler, permettant ainsi de créer des emplois pour tous et toutes…

La Tunisie perd des postes d’emplois (tourisme, textile, etc.) et en crée très peu. Le bilan est très défavorable. Les déclarations des hommes politiques n’ont aucune crédibilité en matière d’emploi. Il faut une autre politique d’emploi- immigration basée sur l’exportation de la MO tunisienne qualifiée vers l’Afrique, l’Australie, le Canada, les EU, les pays nordiques et dans certains pays arabes. La Tunisie doit trouver les voies et moyens pour placer 500, 000 demandeurs d’emploi à l’étranger. Faute de quoi, notre pays pourrait vivre une instabilité sociale pouvant remettre en cause l’unité nationale.

A quand notre 4 Août –abolition des privilèges ? La France l’a fait en 1789. En fait le 4 août de cette année, les députés de l'Assemblée nationale constituante ont proclamé l'abolition de tous les privilèges des féodaux et des hommes politiques. Cet acte fondateur a boosté l’élan de la Révolution française et il fait d’elle un modèle de changement et de progrès. En Tunisie, on continue à vivre sous les lois de l’ancien régime benaliste qui avait mis en place un arsenal juridique pour favoriser les hommes et femmes qui l’appuyaient : retraites généreuses, émoluments et avantages en nature injustifiés, fiscalité erratique, faveurs aux grands patronats etc…

La Tunisie aura du mal à trouver une solution à sa crise systémique tant que (i) le pays est gouverné d’une manière centralisée à partir de Tunis par des mercenaires de la politique, (ii) la mafia agit en toute liberté, (iii) les pontes syndicaux imposent leur diktat et s'immiscent dans la politique .
Il faudra :

(1) mettre en place une politique territoriale basée sur le transfert de pouvoir aux entités locales élues (communes) démocratiquement et qui agiront au nom de l’Etat pour percevoir les impôts et gérer les services publics (éducation, santé, police, transport, environnement, urbanisme, emploi, etc.),
(2) créer une agence spécialisée dans la lutte contre le terrorisme, la mafia et le blanchiment d’argent, car ces trois fléaux agissent pour détruire l’Etat sachant que la a plupart de nos institutions sont infiltrées par ces mafias,
(3) créer un corps de juges spécialisés dans les affaires en relation avec ces trois fléaux,
(4) mettre en place une agence nationale de solidarité régionale permettant d’intervenir dans les zones à grande difficulté sociale et économique.

Dans cette métamorphose, l’Etat central gardera la politique étrangère, l’Armée, la police nationale et la Justice. Il doit aussi renforcer toutes les agences nationales spécialisées et supprimer tous les ministères superflus.

Je suis convaincu que la Tunisie gagnera par un nouveau « rebattage » des cartes pour sortir de cette crise et générer une force politique patriote, progressiste, sociale démocrate capable de redresser une Tunisie malade. Ne rien faire, c’est autoriser la mafia, les fascistes de tous bords à détruire tous les acquis de l’indépendance et de la République.

Mustapha STAMBOULI

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