Le
bilan de la transition post 23 octobre
2011 n’est pas mitigé mais catastrophique : la Tunisie
vit dans un flou dramatique pouvant anéantir 56 ans de construction de l’Etat
et de ses institutions. La santé de
l’économie nationale et des finances publiques se trouve dans une zone de
turbulence à deux doigts de la banqueroute et de la faillite. Jamais dans
l’histoire récente, la Tunisie ne s’est trouvée aussi proche du gouffre !
La
situation est extrêmement grave nécessite une prise de conscience collective
pour nous sortir de ce guet-apens ! Attendre le 23 octobre prochain pour
se pencher sur l’illégalité ou non des institutions de la transition issue des
élections du 23 octobre dernier est une faute impardonnable.
En tant que premier ministre de la première
transition et eu égard à votre parcours et votre engagement, ne pourriez-vous
pas prendre l’initiative d’appeler la classe politique à une concertation
nationale regroupant les partis politiques, les organisations nationales et la
société civile.
Préparer, dès maintenant et soigneusement, la
prochaine transition en ayant présent à l’esprit l’intérêt général de la Nation
et de la République. Une solution réfléchie et consensuelle doit être trouvée
rapidement sans exclusion d’aucune partie. Trouver le dénominateur commun sur
lequel nous construirons le futur tunisien. La piste la plus simple et la plus
sûre consisterait à convoquer, ce mois de Septembre, une Conférence Nationale Souveraine
des Forces Vives de la Nation afin d’arrêter un agenda simple et clair pour
sortir le pays du vide constitutionnel et le remettre au travail en vue de
concrétiser les exigences et les revendications du peuple. Seules des
concessions permettront de réussir ce rendez-vous de la dernière chance.
Cette
Conférence devra aider à prendre une série de décisions consensuelles et
installer une nouvelle et ultime transition afin de garantir la
continuité de l’Etat : (1) dissolution des organes issus des élections du
23 octobre 2011 et la mise en place d’un nouvel exécutif à la tête de l’Etat en
fonction des dispositions de la loi fondamentale provisoire à adopter ;
(2) désignation d’un organe législatif de transition ; (3) désignation
d’une instance composée spécialement de personnalités indépendantes en vue
d’achever le projet de Constitution qui ne peut être que l’amélioration de la
Constitution de 59 par des dispositions pertinentes et de soumettre ce projet à
un référendum populaire ; (4) établissement d’un agenda et un calendrier
précis de la nouvelle transition tout en responsabilisant le nouveau Chef de
l’Etat intérimaire dans cette tâche ; (5) établissement d’un Code
électoral tenant compte de la configuration actuelle du paysage politique et la
mise en place d’une Administration électorale, organe indépendant de l’exécutif
intérimaire.
Nous avons l’obligation de commencer ce
processus de Conférence Nationale au plus tard dans une semaine. Au-delà, cette
proposition deviendrait caduque et sans intérêt eu égard à l’imminence de la
date fatidique du 23 octobre 2012.
Un consensus national devra se dégager de cette
Conférence pour éviter le chaos, la «somalisation» de la Tunisie et retrouver
sérénité, progrès et paix.
Mustapha STAMBOULI