Nous apprenons par le biais d’une
communication officielle du Ministère des Affaires étrangères que la Tunisie accèdera au statut de
partenaire privilégié de l'union européenne. Cet accord sera concrétisé le 19
novembre prochain.
Le statut avancé de
l’Union Européenne, formule séduisante et fort intéressante, est accordé normalement
aux pays voisins de l’Europe ayant réussit leur mise à
niveau dans tous les domaines, et plus particulièrement dans le système de gouvernance,
la démocratie et le respect des droits fondamentaux, la politique sociale ou
encore l'économie de marché. Est-ce le cas de la Tunisie d’aujourd’hui ?
Je ne le crois pas ! Alors pourquoi l’Europe se
presse-telle de nous accorder un tel privilège ?
La Tunisie est-elle prête pour un
tel rapprochement ? Avons-nous un plan d'action définissant les priorités et les mesures à prendre pour aller
vers cette convergence qui pourrait intéresser des domaines comme l'industrie, l’agriculture, les
finances ou encore l'éducation ? Encore une fois, je ne le crois pas !
A priori, lier notre économie et
notre mode de vie à ceux l’Europe n’est pas forcément une mauvaise stratégie.
Cependant le timing est mal choisi car notre pays est complètement déstabilisé voire
dévasté et notre appareil de production est sous le choc depuis presque deux
ans. L’Europe accorde à notre pays le statut
de partenariat privilégié à un moment où la Tunisie ne remplit plus les
conditions et les préalables d’un tel statut surtout en matière de libertés et de démocratie. Pourquoi cette Europe frileuse trouve-elle aujourd’hui
le courage de nous octroyer un tel
avantage empoisonné ? Tout simplement, le moment est opportun pour les
européens, car la Tunisie, en l'état actuel des choses, ne menace nullement l’industrie
européenne. Qui peut oser délocaliser et venir s’installer dans notre pays eu
égard à l’insécurité régnante où toutes les mafias sont à l’œuvre. Encore une fois,
l’Europe nous joue un sale coup et
cherche à nous avaler avant que le dragon israélien ne s’installe
définitivement chez nous et chez notre voisin du Sud. Une compétition
euro-israélienne où tous les coups sont permis.
Ceci nous rappelle étrangement et tristement
les évènements du mois de décembre 2010 quand une puissance étrangère, bien sur
européenne, a aidé massivement le « déboulonnage » de ZABA avant que
les auteurs du projet Grand Moyen-Orient (PGMO) « version 2 » ne mettent en exécution leur projet de mise
sous-tutelle de la région arabe. Tentative ratée de cette puissance européenne,
car les concepteurs du PGMO sont plus efficaces, plus puissants et surtout plus rapides. D’où
le déclenchement à grande échelle, et avant terme, de l’opération « mise
sous-tutelle de la région arabe » et curieusement avec la complicité de
cette petite puissance européenne !
Ce n’est pas le 16 décembre mais
le 19 novembre 2012 que l’Europe tentera de sauver ce qui peut l’être.
Cette décision hâtive d’accorder le statut de partenariat privilégié pour la
Tunisie ne serait-elle pas un test à «échelle réelle» afin d’évaluer les
intentions et le degré de détermination de l’Etat sioniste pour réaliser son
projet PGMO, version économique ? L’Europe tente désespérément de ramener la Tunisie dans son
giron quitte à la ruiner définitivement en mettant en exécution un tel projet à ce moment
précis.
La Tunisie court un risque
énorme en acceptant ce cadeau empoisonné, lequel entrainera nos balances extérieures au rouge depuis longtemps dans une descente aux Enfers incontrôlable et irréversible. Notre système bancaire pourrait tout simplement imploser. L’Union
européenne exigera certainement à court terme l’open sky qui achèvera nos compagnies
aériennes et plus particulièrement Tunisair.
Sachant les impacts négatifs voire
néfastes, pourquoi ce pouvoir provisoire tente-il une opération suicidaire ?
Signer un tel accord donnera-t-il plus de légitimité à ce pouvoir en grande
difficulté ? Comment l’opposition se positionne-t-elle par rapport à cet accord
à ce moment précis ? L’ugtt et l’utica
savent-elles que ce statut nuira aussi
bien à nos entreprises qu'à la masse laborieuse ? Ces organisations doivent formuler
immédiatement et sans délai un positionnement clair et sans ambigüité avant que
le « mariage » ne soit
consommé !
Pour notre part, nous ne voyons aucune
objection de principe à signer un accord de partenariat avancé avec l’Union
Européenne. Cependant, le contenu et les dispositions d’un tel accord devraient être
négociés par le prochain gouvernement non provisoire. Il est hasardeux de
passer à l’exécution d’une telle entente immédiatement car c’est un raccourci
vers la faillite et la banqueroute pour la Tunisie. Pour passer son projet, l’Europe
nous proposera des lignes de crédits multiples, manière de nous imposer un
protectorat. Le 19 novembre 2012 prépare-il un autre 12 mai 1881 !
Thomas Sankara, l’icône de la
lutte contre la dette n’avait-t-il pas
déclaré à Addis Abeba le 29 juillet
1987, lors de la vingt-cinquième conférence du sommet des pays membres de l’OUA
que «La dette, sous sa forme
actuelle, qu’on connaît dominée par l’impérialisme, est une reconquête
savamment organisée pour que l’Afrique, sa croissance, son développement,
obéisse à des paliers, à des normes qui nous sont totalement étrangers, faisant
en sorte que chacun de nous devienne l’esclave financier, c’est-à-dire
l’esclave tout court de ceux qui ont eu l’opportunité, la ruse, la fourberie de
placer des fonds chez nous avec l’obligation de rembourser ».
Lire aussi à ce sujet une analyse complémentaire interpellant le pouvoir sous le titre "UE-Tunisie - Aleca ! Pourquoi ce silence mortel de l'opposition ?
Mustapha STAMBOULI