Les tunisiens et tunisiennes ne croient plus aux politiciens,
ils ont tous participé au désordre que nous vivons. Chacun a mis son grain de sel
pour phagocyter la République. L’extrême gauche a fait l’essentiel en imposant
la Constituante, l’extrême droite salafiste, avec l’appui des pays wahhabites, est
responsable du désordre sécuritaire et sociétal. Le Centre a tout fait, à travers
la première transition, pour créer les conditions objectives de ce désordre :
la loi électorale, l’action-phare de ce centre lâche et peureux.
Le tableau est noir : la Tunisie risque de perdre son
indépendance pour se préserver de la violence jihadiste-takfiriste. Les
américains n’attendent qu’une invitation pour s’installer définitivement sur
notre sol. Les évènements de l’Ambassade américaine, de Jbel Chaimbi, de Kairouan
et de la Cité Thadhamen sont-ils
programmés pour justifier cette présence ? Les prochaines semaines livreront
quelques éléments de réponse.
Nous avons laissé notre pays se somaliser, et il se somalise
encore. Il est temps de mettre fin à cette catastrophe et réinstaller de
nouveau l’autorité de l’Etat. Le ministre de l’intérieur a osé appliquer les
lois de la République et il a fait au mieux.
Il faut un grand homme d’Etat pour sortir la Tunisie de l’impasse
multidimensionnelle. Les choix
politiques malheureux depuis le 14 janvier 2011 ont érodé nos institutions
républicaines et notre image à l’extérieur. Tous les exécutifs depuis cette
date ont failli soit par incompétence soit volontairement, en connivence avec l’internationale
wahhabite.
La société civile doit s’organiser pour barrer la route aux
fossoyeurs de la République. Avec la même volonté, elle doit dire non à une
présence américaine sur notre sol quelque soit le motif. Cette force tranquille
et républicaine doit faire émerger rapidement un homme ou une femme d’Etat, patriote qui
croit à la tunisianité, compétent (e), courageux, capable d’affronter les
difficultés et surtout grand (e) communicateur (trice) pour dire la vérité, toute la vérité
au peuple tunisien car ce dernier n’accepte plus d’être considéré comme un
mineur ou un être immature.
L’état de dégradation de notre pays souligne la responsabilité partagée
de tous : pouvoir, opposition et société civile. Cette dernière n’a pas su
élever la voix suffisamment pour corriger le tir. Cette société civile doit
avoir une tête, une stratégie et surtout une organisation sans faille pour se
faire entendre. L’avenir tunisien réside entre les mains de la société civile. Si elle
échoue, c’est toute la Tunisie qui échouera.
Mustapha STAMBOULI